Il aura fallu trente ans à Chateaubriand pour rédiger ses Mémoires qui s'étendent sur près de soixante dix ans, retraçant d'une part la vie de l'écrivain et brossant d'autre part le tableau d'une histoire marquée par les convulsions de la Révolution, de l'Empire et des restaurations monarchiques parfois éphémères.
Ce texte, écrit en 1813 pour le retour des Bourbons sur le trône de France et publié au moment de l'abdication de l'empereur, est divisé en trois parties : un jugement féroce sur Bonaparte, un plaidoyer en faveur du rassemblement des Français autour de leur souverain historique, et une tentative pour justifier la politique des étrangers alliés aux Bourbons, qui s'apprêtent à envahir la France.
Ce troisième volume s'ouvre sur la Restauration et nous conduit jusqu'à la Révolution de 1830 : après la carrière du voyageur puis de l'écrivain, voici venu le temps du politique.
Cette quatrième partie des Mémoires nous conduit de 1830 à la date symbolique que portent les dernières lignes : 1er novembre 1841, trente ans après le début de leur rédaction à la Vallée-aux-Loups. Mais cet ultime volume ne fut pas écrit après les autres. Tout au contraire, il les accompagna et son écriture, comme dans un miroir, les réfléchit et à sa manière les recommence puisqu'il est ici question, à nouveau, comme si les trois « carrières » se redéployaient, de littérature, de politique et de voyages : en Suisse, à Venise, à Prague auprès du vieux roi Charles X.
Ce dernier ouvrage de l'auteur, écrit en 1844, raconte la vie de celui qui, après la mort tragique de sa maîtresse, devint en 1663 le fondateur de la Trappe.