Théâtre

Alors qu'ils dînent dans leur salle à manger, monsieur et madame Bélier sont interrompus par la sonnerie du téléphone. Or, ils n'ont pas d'abonnement téléphonique. A l'autre bout du fil, leur interlocuteur insiste et affirme parler à un certain monsieur Schmitt. Les Bélier se rendent alors compte que leur appartement a changé et se demandent s'ils ne seraient pas monsieur et madame Schmitt. ©Electre 2023

Sol, c’est comme un Raymond Devos québécois, mais plus politique. Il nous raconte des choses vraies. C’est un joueur de mots avec une invention qui laisse sur le séant. Il nous fait rire avec un matériau intelligent. Pour nous transmettre cela, il fallait une diseuse de haute volée. C’est Marie Thomas, funambule de l’âme qui balance les mots mordorés de Sol comme si c’était sa langue maternelle.

La pièce a pour toile de fond une chambre dans un petit hôtel parisien : l'hôtel des Batignolles. Vont y défiler des êtres aussi drôles qu'hétéroclites, certains proches parents de Feydeau, d'autres d'Agatha Christie, dont les aventures et mésaventures donneront le sentiment de plonger dans un roman tout à tour drôle, cocasse, burlesque, féroce.

Sous forme de soliloque, une mère au foyer raconte son quotidien, ponctué de tâches domestiques, d'élaboration de listes de toutes sortes et de souvenirs de sa défunte voisine Caroline.

Douzième pièce du cycle des Belles-sœurs. On nous présente Albertine, la mère de Thérèse et de Marcel, à cinq âges différents (30, 40, 50, 60 et 70 ans). Ces cinq Albertine dialoguent entre elles et avec leur sœur Madeleine à la recherche d'une certaine harmonie.

Jean-Marc, professeur de cégep de trente-huit ans, reçoit chez lui son ex-amant, dont le père se meurt dans une lente agonie. Ce lieu est chargé d’odeurs et d’émotions, de souvenirs heureux et de non-dits moins heureux qui vont guider les personnages dans leurs conversations. Leur séparation, après sept ans de vie commune, revient hanter ces deux hommes que le bonheur avait touchés de son aile. Car depuis la fin de leur relation, ils se sont retrouvés seuls et ont dû affronter chacun à sa manière leurs démons quotidiens : Jean-Marc en se montrant raisonnable et en oubliant le grand amour ; Luc en choisissant de retomber en amour dix fois par jour.

Un soir, au Coconut Inn, trois filles regardent leur vie ratée en face. Il y a Berthe, caissière, qui rêve d'une carrière à l'Hollywood. Carlotta, une dresseuse de chiens, qui fait un bilan de sa vie de couple avec Johnny Mangano. Et l'agente de la célèbre Gloria Star, qui explique son dévouement à la gloire des autres.

Une fois arrivée au Paradis, Nana ne perd rien de sa verve ni de sa mauvaise foi, de son sens du théâtre ni de ses réparties assassines! Sans doute à droite d'un Dieu - qu'elle appelle le Noyau Central faute de mieux! - dont elle n'a jamais vu le bout du nez, elle a la surprise de se retrouver entre sa belle-mère, toujours aussi critiqueuse, et sa propre mère, Maria Desrosiers... "Qui c'est qui a envie de passer le reste de son éternité entre sa mère pis sa belle-mère?" La Grosse Femme côtoie maintenant une famille "reconstituée", dans un au-delà surréaliste et poétique où Michel Tremblay conjugue avec un plaisir coupable humour et gravité, dérision et auto-dérision.

Alors qu'il vient de terminer l'écriture de sa pièce Enfant insignifiant !, Michel Tremblay voit ses personnages le rejoindre et lui jouer les scènes de sa prime jeunesse qu'il vient d'écrire. Les souvenirs d'un homme vieillissant deviennent l'occasion de dialogues savoureux et cocasses où la mauvaise foi de l'enfant s'enroule à celles de sa mère Nana, de son père Gabriel, de sa grand-mère Victoire, de son amie Ginette, etc. Ces conversations avec l'enfant curieux qu'était l'auteur à l'époque où il n'en finissait pas de questionner le monde - de vouloir en comprendre le sens et l'organisation, l'étrange mouvement de ses mystères et de ses mensonges - nous en apprennent beaucoup sur l'origine de son oeuvre dramatique et romanesque : le premier vrai monde de Michel Tremblay, celui de sa famille, s'y trouve révélé dans toute sa merveilleuse humanité, avec une bonne dose de franche hilarité.

Thème central: la réconciliation des générations. Quelques personnages importants de l'oeuvre romanesque de l'auteur (Victoire, Albertine, la grosse femme, Edouard, etc.) se retrouvent à Duhamel (Laurentides) dans la maison de campagne familiale à des périodes différentes: 1910, 1950, 1990. Accueil généralement favorable du public, plus mitigé de la critique qui trouve la structure de la pièce trop complexe.
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