Jeunesse - Fictions

Une série qui se situe entre humour et gothique littéraire et où se croisent un monsieur Poe, le comte Olaf, aux doigts crochus comme un vampire, et la fontaine Aléa, qui se met en marche quand bon lui semble. ©Electre 2022

Cher lecteur, Tu viens sans doute de prendre ici le premier livre qui t'est tombé sous la main, mais le lire, à mon humble avis, serait la dernière des choses à faire. C'est l'avant-dernier volume d'une série dernièrement classée en dernier sur la liste des premières ventes, et je serais le dernier des derniers si je ne te mettais en garde avec la dernière énergie. Un hôtel à perdre le nord, une horloge en désaccord, des reflets douteux, des personnages douteux, de la cuisine douteuse, des initiales douteuses et des gérants douteux : ce livre à semer le doute est bien le dernier, si j'étais toi, que j'aurais envie de lire. Les avant-dernières choses - autrement dit, les pénultièmes - sont presque toujours pires que les antepénultièmes - autrement dit, avant-avant-dernières. Cet avant-dernier tome, le dernier paru à ce jour, est bien le pire de tous, et la première des choses à faire est de le remettre où tu l'as pris. Avec mes sentiments respectueux, Lemony Snicket

Les trois orphelins Baudelaire, Violette, Klaus et Prunille, se rendent chez leur nouvelle tutrice, leur tante Agrippine, qui vient de perdre son mari. Une série de malchances s'abat à nouveau sur eux. En plus, la météo prévoit un ouragan et la maison d'Agrippine est construite en haut d'une montagne escarpée.

Une pension de la pire espèce avec règlement stupide, crabes mal tunés, moisissures coulantes, violon écorcheur d'oreilles, redoutables tests de contrôle et triple dose de système métrique. Telles sont les malédictions qu'affrontent les orphelins Baudelaire dans ce consternant épisode

Cher lecteur, Je donnerais cher pour te recommander ce livre, mais l'honnêteté me l'interdit. L'épisode qu'il relate est non seulement féroce mais encore filandreux, cartilagineux et truffé de petits os. S'il t'est déjà arrivé de mastiquer une bouchée de viande encore et encore et encore, sans parvenir à l'avaler, tu comprendras aisément ce que tu risques. De peur de te mettre l'estomac à l'envers, mieux vaut donc t'abstenir d'une lecture bourrée d'ingrédients indigestes, du style œil de verre, boule de cristal (en verre), voyante aux vues troublantes, grand huit aux wagonnets rouillés, planche de bois instable, fausse barbe qui gratte, foule en délire et lions à jeun. Hélas pour moi, j'ai voué ma vie à mon enquête sur les heurts et malheurs des orphelins Baudelaire

Hormis les patinoires et les pistes de ski, les choses glissantes sont rarement très plaisantes - anguilles ou escaliers cirés ou certaines mains que la politesse oblige à serrer. Hélas pour eux, dans le présent volume, les enfants Baudelaire se retrouvent en terrain très glissant, expression signifiant ici qu'ils vont risquer le dérapage, expression signifiant ici qu'ils vont s'aventurer sur une pente savonneuse, expression signifiant ici qu'ils vont être affreusement tentés de jouer avec le feu. Mais d'autres horreurs que la sortie de piste guettent le trio dans cet épisode : moucherons féroces et cavernes malfamées, sinistres visiteurs et messages sibyllins, aubergine géante et piège perfide, sans parler d'une vraie débâcle, ni de l'apparition d'un revenant qui n'est même pas un fantôme.

Cher lecteur, Je mettrais ma main au feu que tu as pris ce livre par mégarde : aussi, je t'en conjure, remets-le où tu l'as pris. Nul être normalement constitué ne saurait prendre plaisir à ce lugubre récit, relatant par le menu le bref séjour des orphelins Baudelaire dans le sinistre petit village de S.N.P.V. Honnêtement, je vois mal qui pourrait souhaiter lire ces pages truffées de détails rebutants tels qu'une fontaine crachouillante, des corbeaux marmottant dans leur bec, un journal bourré d'erreurs, une foule en colère, des chapeaux farfelus et une montagne de vaisselle sale. je me suis fait un devoir sacré de coucher sur papier le résultat des mes enquêtes sur la vie tourmentée de Violette, Klaus et Prunille Baudelaire, mais je comprendrais parfaitement, cher lecteur, que tu te fasses un devoir sacré de lire quelque chose de plus léger. Avec sentiments respectueux, Lemony Snicket.

Violette, Klaus et Prunille, les trois orphelins Baudelaire, s'apprêtent à loger chez leur tante Agrippine qui habite une maison suspendue près du lac Chaudelarmes...

La suite des récits tragi-comiques des orphelins Baudelaire où les trois enfants affrontent une odeur détestable, un terrible accident de voiture, un serpent au venin mortel, un coutelas pointu, un cadenas rétif et le retour d'une personne qu'ils espéraient ne jamais revoir.

Cher lecteur, à moins d'être une bernique, une anémone de mer ou un bernard-l'ermite, sans doute préfères-tu éviter les excès d'humidité saline. En ce cas, il serait plus sage de ne pas te plonger dans le présent ouvrage, qui voit les orphelins Baudelaire sombrer au plus profond des mers, du doute et du désespoir. Las ! L'océan d'infortune qui les engloutit là est bien trop insondable pour se laisser décrire en trois mots, aussi n'en citerai-je que quelques éléments au compte-gouttes - de la recherche vaine d'un objet disparu à un champignon mortel et un poulpe d'acier, et de l'appel à l'aide d'un ami perdu de vue à une salade du chef infiniment douteuse. Après des mois et des années consacrés à relater les malheurs de l'infortuné trio, je me sens moralement obligé de continuer à explorer ces abysses d'une noirceur indicible. Mais par bonheur pour toi, cher lecteur, rien ne t'oblige à te jeter corps et âme dans ces eaux tristement salées. Avec mes sentiments respectueux, Lemony Snicket."
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