«Cet homme, à qui ne manquent ni l'orgueil, ni le courage, ni les faiblesses, ce cœur chimérique et tendre, trouble, blessé d'un rien, déchiré dans l'amour comme dans la gloire et l'amitié, ce comte Alfred de Vigny, dernier du nom, a besoin de se raidir et de chercher une armature. Il ne peut, comme l'auteur des Fleurs du Mal, adhérer à sa misère intime dans un chant où chacun de nous se retrouve. Il s'y refuse, il le jugerait indigne, il se contient, il transpose, il fait des "élévations", il "pense".
Près de 150 lettres échangées par le poète et la comédienne, de leur rencontre en 1831 alors que Marie Dorval joue dans la pièce de Vigny La Maréchale d'Ancre à leur séparation en 1838. Cette correspondance amoureuse est aussi l'occasion pour les amants de commenter les évènements de leur vie professionnelle et sentimentale.
Alfred de Vigny (1797-1863) a réussi de son vivant à se faire méconnaître ou détester par tous ceux qui, sous prétexte de naturel, cultivent des goûts médiocres et bourgeois. De l'enfant griffonnant son premier vers, au Poète qui, à l'heure de la mort, trouve encore la force de rédiger des "vers jetés au hasard en avant", près de soixante ans se sont écoulés, mais le volume de l'oeuvre poétique est restreint, volontairement concis.