Le héros de notre récit entra tout hagard dans son logement ; sans quitter ni manteau ni chapeau, il traversa le couloir et, comme frappé de la foudre, s'arrêta sur le seuil de sa chambre. L'inconnu était assis devant lui, en manteau et chapeau lui aussi, sur son propre lit, souriant légèrement, et, clignant un peu des yeux, il le saluait amicalement de la tête. M. Goliadkine voulut crier mais ne put et il se laissa tomber sur une chaise presque évanoui d'épouvante. Et à vrai dire il y avait de quoi. M. Goliadkine avait tout à fait reconnu son nocturne compagnon.
Dostoïevski décrit le personnage d'Arkadi, fils naturel d'un propriétaire et d'une domestique. Malmené par ses camarades, il s'isole dans une profonde haine de l'humanité, développe un complexe de supériorité, a des accès de générosité, gaspille pour s'amuser, tombe amoureux de la femme qu'aime son père, s'adonne au jeu et devient intrigant.
Dans cette première grande oeuvre pleine de rebondissements inattendus, qui fut écrite à son retour du bagne sibérien, Dostoïevski proclame sa foi en la bonté naturelle de l'homme qui trouvera le salut en aimant son prochain.
L'un des premiers grands romans de l'auteur, traduit en français sous différents titres, comme "Récits de la maison des morts" et "Souvenirs de la maison des morts" (edition originale, 1860-1862). Le titre d'une version antérieure du roman indique bien de quoi il s'agit, des "Mémoires d'un bagnard". Le bagnard en question, c'est l'écrivain lui-même, envoyé par Nicolas 1er à la forteresse d'Omsk pour une période de quatre ans (1850-1854). 1991.