Tous les soirs, au Saloon, quand la nuit tombe, une bande de garçons se métamorphosent en créatures de rêve. Ils se parent de robes colorées, de perruques invraisemblables, montent sur scène pour chanter et pour danser. Tous les soirs, c’est le carnaval, la liberté, la transgression. Ils ouvrent leurs bras à tous, aux exclus, aux rejetés. Ils prennent sur eux toutes les blessures pour les tourner en dérision. Pourtant, à ce rire se mêlent sans cesse les larmes. À cause de leurs amours déçues, à cause de la mort qui rôde, à cause du temps qui vole tout.
Mai a dix-huit ans. Daniel, son père, organise une grande fête sur la plage, dans cette île jamais nommée où ils vivent, en bordure de la mer des Caraïbes et du golfe du Mexique. Il a invité les amis de Mai, sa famille.
Juste avant les premières lueurs de l'aube, dans une petite ville du sud des États-Unis, un policier à cheval s'approche d'un itinérant noir couché dans la rue, vieil homme usé par la misère et par les drogues. Celui-ci apostrophe violemment le policier, lui rappelant toutes les injustices que ses ancêtres ont subies aux mains des Blancs. Le policier n'a qu'une envie, capturer cet homme et l'emmener finir sa nuit en prison. De quel droit ose-t-il s'en prendre à lui? Le style puissant, inimitable de Marie-Claire Blais, toujours en prise sur son époque.
Un cœur habité de mille voix nous fait découvrir une galerie de femmes inoubliables dans leur complexe et bouleversante humanité. Une œuvre baignée d’une tendre aura crépusculaire.
Augustino ou l’illumination constitue un long fragment du texte auquel Marie-Claire Blais travaillait quand elle est décédée, le 30 novembre 2021. On y retrouve le personnage d’Augustino, qu’on avait laissé dans Naissance de Rebecca à l’ère des tourments. Écrivain, il s’était retiré du monde pour vivre parmi les démunis. Il est en Inde au milieu des lépreux, atteint lui-même d’une lèpre de nature inconnue. Il se remémore le destin tragique de ses ancêtres.