Théâtre

La pièce a pour toile de fond une chambre dans un petit hôtel parisien : l'hôtel des Batignolles. Vont y défiler des êtres aussi drôles qu'hétéroclites, certains proches parents de Feydeau, d'autres d'Agatha Christie, dont les aventures et mésaventures donneront le sentiment de plonger dans un roman tout à tour drôle, cocasse, burlesque, féroce.

Sous forme de soliloque, une mère au foyer raconte son quotidien, ponctué de tâches domestiques, d'élaboration de listes de toutes sortes et de souvenirs de sa défunte voisine Caroline.

Un soir, au Coconut Inn, trois filles regardent leur vie ratée en face. Il y a Berthe, caissière, qui rêve d'une carrière à l'Hollywood. Carlotta, une dresseuse de chiens, qui fait un bilan de sa vie de couple avec Johnny Mangano. Et l'agente de la célèbre Gloria Star, qui explique son dévouement à la gloire des autres.

Avec cette dernière pièce du puzzle des Belles-sœurs, Michel Tremblay jette un éclairage nouveau sur tout le cycle. Sainte Carmen de la Main fût la mise à mort, tragique, d'une certaine espérance. Damnée Manon, Sacrée Sandra sera la fin de Manon et la fin du monde de Michel Tremblay. Double eschatologie dont le bilan à venir, qui reste à faire et à refaire, se situera, je l'espère, au-dessus d'une simple controverse linguistique.

Pièce créée en avril 1971 au Théâtre de Quat'sous.

Alors qu'il vient de terminer l'écriture de sa pièce Enfant insignifiant !, Michel Tremblay voit ses personnages le rejoindre et lui jouer les scènes de sa prime jeunesse qu'il vient d'écrire. Les souvenirs d'un homme vieillissant deviennent l'occasion de dialogues savoureux et cocasses où la mauvaise foi de l'enfant s'enroule à celles de sa mère Nana, de son père Gabriel, de sa grand-mère Victoire, de son amie Ginette, etc. Ces conversations avec l'enfant curieux qu'était l'auteur à l'époque où il n'en finissait pas de questionner le monde - de vouloir en comprendre le sens et l'organisation, l'étrange mouvement de ses mystères et de ses mensonges - nous en apprennent beaucoup sur l'origine de son oeuvre dramatique et romanesque : le premier vrai monde de Michel Tremblay, celui de sa famille, s'y trouve révélé dans toute sa merveilleuse humanité, avec une bonne dose de franche hilarité.

Une fois arrivée au Paradis, Nana ne perd rien de sa verve ni de sa mauvaise foi, de son sens du théâtre ni de ses réparties assassines! Sans doute à droite d'un Dieu - qu'elle appelle le Noyau Central faute de mieux! - dont elle n'a jamais vu le bout du nez, elle a la surprise de se retrouver entre sa belle-mère, toujours aussi critiqueuse, et sa propre mère, Maria Desrosiers... "Qui c'est qui a envie de passer le reste de son éternité entre sa mère pis sa belle-mère?" La Grosse Femme côtoie maintenant une famille "reconstituée", dans un au-delà surréaliste et poétique où Michel Tremblay conjugue avec un plaisir coupable humour et gravité, dérision et auto-dérision.

Histoire d'amour entre Carmen, chanteuse western, et la Main, rue grouillante d'humanité au cœur de Montréal, cette tragédie est la plus classique du cycle des Belles-sœurs, parce que régie par les règles de la grande dramaturgie grecque : la transgression et le châtiment.

Thème central: la réconciliation des générations. Quelques personnages importants de l'oeuvre romanesque de l'auteur (Victoire, Albertine, la grosse femme, Edouard, etc.) se retrouvent à Duhamel (Laurentides) dans la maison de campagne familiale à des périodes différentes: 1910, 1950, 1990. Accueil généralement favorable du public, plus mitigé de la critique qui trouve la structure de la pièce trop complexe.

Lucide, confus, manipulateur, tyrannique, menteur, affectueux, cynique. Noël fait voir et entendre le drame d'un homme atteint d'alzheimer, aux prises avec les démons de son passé de père et de mari. Il revoit sa femme et ses enfants à différents âges, dans un malstrom d'émotions fortes.
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