Une vérité si délicate
Cinquante ans après la publication de L'Espion qui venait du froid, les agents secrets ne sont décidément plus les héros des livres de John Le Carré. Même si le Foreign Office, sa faune et ses grands fauves sont au coeur de ce vingt-troisième roman. Mais en fond de décor, pourrait-on dire. Comme une gourmandise, un théâtre désuet, dont Le Carré, la dent dure et l'appétit féroce, se régale à peindre les masques et les faux-semblants. Un théâtre qui cache la réalité du pouvoir, les jeux en coulisse, le poids des lobbies, le flirt de plus en plus poussé entre affaires publiques et intérêts privés, politique étrangère et business mondialisé. George Smiley, le héros des premiers romans de Le Carré, à l'époque de la guerre froide, croyait encore à sa mission, servir la reine et son pays, même s'il devait souvent sacrifier la morale à la raison d'Etat. Les espions contemporains ont perdu leurs illusions et monnaient leurs services au plus offrant, des multinationales le plus souvent…
Extrait sonore