Le choc Simone Weil
Emportée par la tuberculose à 34 ans, Simone Weil a consacré son existence fulgurante à lutter contre les formes multiples dans lesquelles le mal peut s'incarner. Et Dieu sait si, de la guerre civile espagnole à l'avènement du nazisme, des conditions de travail en usine aux aberrations communistes, la première moitié du XXè siècle fut un terreau riche d'enseignements. Simone Weil aura été confrontée à ces quatre fléaux : préférant le travail à la chaîne à ses fonctions de professeur agrégé de philosophie en province, elle entre chez Alstom puis Renault ; consciente dès 1932 du péril nazi qui fera bientôt connaître à l'Europe ses heures les plus sombres, elle rejoint les cercles trotskistes, s'astreignant à un jeûne sévère dans une empathie totale avec ceux qui souffrent de la faim. D'une lucidité étonnante sur le devenir de l'Europe, elle nourrit de ses expériences souvent extrêmes une œuvre dont la modernité et l'audace surprennent. Elle témoigne pour le moins d'un engagement à toute épreuve qui pousse Julliard à écrire, sur les traces de son ami Michel Winock, que "Simone Weil fut avec Camus l'une des rares à ne pas trahir et à mériter - vraiment - le beau nom d'intellectuelle".
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