J'ai l'angoisse légère
Si Francine Noël avait elle-même cru que le cycle de sa grande Tribu montréalaise était clos en 1999 avec La conjuration des bâtards, alors que prenait fin la vie de l'écrivaine Maryse lors d'une tuerie à Mexico, ce nouveau roman prouve bien que ses personnages n'avaient pas terminé leur trajectoire en elle... Il leur restait deux lignes de vie à circonscrire, deux seuils à franchir, deux éprouvantes minutes de vérité à traverser: L'échec et la solitude. Après La femme de ma vie, poignant récit qui évoquait la figure de sa mère et qui a remporté le Combat des livres à la radio de Radio-Canada en 2006, Francine Noël revient en grande force avec ses personnages fétiches qui ont gagné le cœur de milliers de lecteurs depuis Maryse en 1983. Centré sur les personnages de François Ladouceur et de Garance Lemieux sa dernière étudiante et maîtresse avant qu'il ne prenne sa retraite de l'université , le roman est un long adagio de violoncelle qui nous pénètre de part en part. Comme l'annonce le titre doux-amer, l'écriture de Francine Noël plante son dard droit au coeur d'une société et d'une génération qui court après son bonheur comme un chien après sa queue. C'est féroce, c'est grinçant, c'est touchant, ça remue les entrailles, ça fait sourire, car l'humour de la romancière aux doigts agiles n'est jamais loin ; son œil voit tout, son oreille absolue entend tout et le roman s'en nourrit tout aussi naturellement.
Extrait sonore