Romans

Un alligator nommé Rosa prend place dans un coin perdu de la France, entre la mer et la montagne. C'est pourtant Haïti qui est au cœur de ce roman où les dialogues prennent des allures de soliloques et où les procès n'ont pas lieu devant jury. A demi-mot, Marie-Célie Agnant met en scène des rencontres, entre un bourreau et sa victime, entre une femme et un homme, un tête-à-tête d'où personne ne sortira indemne. Des années après le régime des Duvalier, les blessures perdurent. Pour les panser, certains ont choisi l'exil, d'autres, la vengeance. Mais chaque fois, il faut partir, partir pour un ailleurs qui est souvent en soi. Surtout, il faut parler, dire la douleur, retrouver les mots. C'est ce que fera Antoine le personnage principal de ce roman savamment orchestré qui allie talent, histoire et poésie.

Un bon roman dont les héroïnes sont quatre générations de femmes haïtiennes, trois émigrées au Québec. L'auteure, elle-même d'origine haïtienne, ne passe pas sous silence leur solitude de migrantes, mais l'accent est mis sur la complicité entre la grand-mère et la petite-fille et sur le "legs culturel" qui l'enrichit. Eclairante postface, p. 179-181, qui souligne que le roman permet de comprendre combien le lien entre les femmes de différentes générations est central à la vie et à la survie des familles. Intérêt sociologique, littéraire et humain.

Une journaliste décidée à parler, une étudiante décidée à savoir. De leur audace, elles se préparent à payer le prix. Mais elles tiendront tête aux carnassiers et à leur grande folie prédatrice. Cette histoire vraie de la résistance des femmes à la terreur rend un hommage puissant à toutes celles que l'on a voulu briser, de Port-au-Prince à Grenade. Un roman sur la barbarie de la dictature, sur l'humanité et ce qui nous tient ensemble, nous fait exiger justice.

Quand Maria Rosalia Inzerillo meurt le 23 septembre 1963, la ville bruisse de toutes les rumeurs. Qui était cette dame ?

«Il y avait une vieille à Jérusalem. Une magnifique vieille comme vous n'en avez pas vue de toute votre vie. Elle était vertueuse et elle était sage, elle était gracieuse, et modeste aussi. Ses yeux n'étaient que bonté et compassion, et les rides de son visage, toutes de bénédiction et de paix.» Tehila est âgée de 104 ans lorsque le narrateur, lui-même écrivain, fait sa connaissance au cœur de la vieille ville de Jérusalem. Immédiatement ébloui, il nous raconte la bienveillance de cette femme, son extrême générosité ainsi que son passé tragique. Un jour, alors que Tehila lui demande de rédiger une lettre à l'attention d'un certain Shraga, elle lui conte son enfance en Europe et ses fiançailles rompues par son père. Elle décrit les années de malédiction qui s'ensuivirent et qui menèrent ses deux fils à la mort avant de faire sombrer sa fille dans la folie...

Sur toile de fond de Seconde Guerre mondiale, l'itinéraire tragique d'un paysan albanais, Mato, dont le destin bascule à la découverte d'un canon. Obsédé par l'idée de venger sa famille, le héros trame sa vengeance.

Fabienne demande à ses quatre enfants d'accompagner le corps de leur père décédé, de la morgue de Marseille à sa Corse natale. C'est l'occasion d'un règlement de compte qui met en lumière les paradoxes universels qui traversent cette famille corse. Premier roman. ©Electre 2020

Un libraire repense à son passé, aux liens qui l'unissent à ses parents, mais aussi à l'écriture. Il se retrouve soudain projeté dans l'Europe centrale de sa jeunesse.

Maximilien, critique d'art, perd la vue à la suite d'un choc provoqué par un récent héritage. Son état de santé suscite inquiétudes et rumeurs. Chaque jour, à midi, il fait démarrer le moteur d'une Chevrolet décapotable installée dans son salon et se remémore son passé. Sa rêverie est interrompue par les visites de psychologues qui s'enquièrent de son rapport à l'art et de sa vie sentimentale.

De retour d'un reportage à la Biennale de Venise, Maximilien entre en résistance contre l'art contemporain. Scandalisé par une oeuvre constituée d'une piscine remplie d'eau stagnante devenue fétide, il cherche à rencontrer l'artiste à l'origine de ce déplorable projet afin de détruire son atelier. Premier roman.

