Anne Wiazemsky n’est plus. Elle s’est éteinte à Paris le 5 octobre 2017.
Née en 1947 à Berlin de Claire Mauriac et d’Yvan Wiazemsky, prince russe dont la famille avait émigré en 1919, elle a connu avec son frère Pierre, le dessinateur Wiaz, une enfance nomade au hasard des nominations de son père diplomate. A 15 ans, elle a la douleur de le perdre et quitte définitivement Caracas, le paradis de son enfance, pour vivre à Paris chez son grand-père, François Mauriac, avec sa mère et son frère. A 17 ans, elle rencontre, grâce à une amie, Robert Bresson qui lui confie le rôle essentiel dans Au hasard Balthazar : cet été 1965 marque le début de la première carrière d’Anne Wiazemsky, celle consacrée au cinéma.
Après Bresson, Godard, qu’elle épouse en 1967, lui fait tourner La Chinoise. Et les tournages s’enchaînent avec les plus grands réalisateurs français et italiens. Mais l’âge venant, elle a « le chagrin d’être de moins en moins souvent choisie ».
Aussi, à partir de 1988, elle se tourne vers la littérature ; à côté d’œuvres de fiction, elle publie de nombreux récits en grande partie autobiographiques. Ses parents et grands-parents ayant disparu, elle évoque dans Hymnes à l’amour (1996) la vie familiale et la mort de son père, dans Une poignée de gens (1998) la vie de sa famille russe, dans Jeune Fille (2007) sa rencontre avec Bresson et son premier tournage, dans Mon enfant de Berlin (2009) la rencontre et le mariage de ses parents, dans Une année studieuse (2011) ses études à Nanterre et sa rencontre avec Godard, dans Un an après (2015) sa vie avec lui en mai 1968, dans Un saint homme (2017) ses retrouvailles avec le père Deau, jeune prêtre professeur de français-latin à Caracas, qui l’a soutenue et encouragée à écrire.
Ces œuvres écrites avec courage et détermination, sensibles mais parfois dérangeantes, lui valent, en certains cas, l’hostilité de lecteurs, colère et rupture avec quelques proches.
Pourquoi construire une grande partie de son œuvre autour de sa famille ? Peut-être faut-il chercher une réponse dans l’aveu d’un de ses personnages « Se livrer ainsi, se souvenir de tous les détails et les narrer, lui faisait un bien fou dont elle était consciente ».
Anne Wiazemsky ou la littérature comme thérapie ?
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En février 1968, le couple que forment A. Wiazemsky et J.-L. Godard vient de s'installer dans un nouvel appartement à Paris. La narratrice raconte l'étiolement de leur mariage, jusqu'à leur séparation en 1969. Elle évoque également son point de vue sur les événements de mai 1968 et dresse le portrait de nombreux artistes et intellectuels, comme P.P. Pasolini, G. Deleuze ou F. Truffaut.
En 1966, Anne, la narratrice, écrit à Jean-Luc Godard pour lui témoigner son admiration. En guise de réponse, le cinéaste lui exprime le désir de faire sa connaissance. Bien que vingt ans les séparent, cette rencontre devient le point de départ d'une histoire d'amour. Dans le même temps, Anne entre à Nanterre pour des études de philosophie et fait la connaissance d'un certain Daniel Cohn-Bendit.
Désireuse de suivre la destinée des personnages présents dans son roman précédent, A. Wiazemsky traite ici de la période qui va de septembre 1917 à avril 1919, durant laquelle des milliers de Russes, fuyant la révolution, s'étaient entassés à Yalta en attendant les navires de la flotte anglaise. Elle raconte ce quotidien, où l'insouciance des enfants contraste avec l'inquiétude des parents.
La chanson d'Edith Piaf "L'hymne à l'amour" semble avoir une importance primordiale pour la famille d'Anne et de son entourage. Elle tente de comprendre pourquoi.
En 1962, Betty a 12 ans. Son père dirige un hôpital psychiatrique. Son existence s'écoule paisiblement jusqu'au jour où elle trouve Yvon, malade en fuite. Pendant trois jours, elle le cache, le nourrit et ils s'apprivoisent mutuellement. Puis l'homme quitte sa cachette et rattrapé, il est de nouveau interné, mais ni l'un ni l'autre n'oublieront ces trois jours. Un roman tiré d'une histoire vraie.
La relation ambiguë entre la jeune actrice Anne Wiazemsky et Robert Bresson, cinéaste.
1944. Claire, ambulancière à la Croix-Rouge française, sillonne l'Europe.
Marie, quarante ans, est française et ignore tout de sa famille, émigrée en Russie en 1919. Un inconnu lui fait parvenir le journal écrit en 1916-1917 par son grand-oncle.
Au début des années 1960, l'auteure intègre une institution religieuse au Venezuela. Elle noue une complicité avec son professeur de français, le père Deau, avec lequel elle parle de littérature. Jusqu'à son décès, dans les années 2000, il exerce une influence sur ses goûts littéraires et sur ses engagements. A travers son histoire, une réflexion sur la spiritualité dans la société. ©Electre 2017