Le prix Nobel de Littérature 2017 est attribué à Kazuo Ishiguro, écrivain britannique. Il est né en 1954 à Nagasaki. A cinq ans, il quitte le Japon avec ses parents pour un bref séjour en Grande-Bretagne où doit travailler son père, chercheur océanographe.
En famille, il parle japonais, reçoit une éducation japonaise car il se prépare à rentrer étudier au Japon. Mais le séjour de la famille se prolonge et c’est en Angleterre qu’il fait finalement ses études. Assez vite, il décide de se consacrer à l’écriture et rédige tous ses romans en anglais. Actuellement, il vit toujours à Londres avec sa femme et sa fille.
C’est donc un écrivain nourri de deux cultures que l’Académie suédoise a récompensé cette année et tout naturellement, on retrouve dans nombre d’œuvres des échos de sa vie.
Dans « Vestiges du jour », son troisième roman, considéré comme un chef-d’œuvre et célèbre aussi par le film superbe qu’en a tiré James Ivory, se situe complètement en Grande-Bretagne, dans l’atmosphère feutrée d’une demeure aristocratique au début du XXème siècle. Un vieux majordome fait le bilan de sa vie : par respect pour sa fonction et la dignité qui s’y rattache, il est sans doute passé à côté du bonheur. Dans une interview, Kazuo Ishiguro soulignait que, sans son nom en première de couverture, sans sa photo en quatrième de couverture, nul ne songerait à attribuer cette œuvre à un écrivain d’origine japonaise.
Mais si certains lecteurs sont surtout sensibles à la qualité de la reconstitution historique, Ishiguro insiste sur la portée universelle de ses romans.
Esprit original, il passe d’un roman intimiste à une enquête dans la Concession Internationale de Shanghai entre les deux guerres, d’un roman d’anticipation à une chanson de geste dans l’Angleterre post-arthurienne, d’un recueil de nouvelles à l’adaptation de ses romans au cinéma ou au texte de chansons. Et chaque fois, en dépit des apparences, il nous parle de nous.
A ce jour, son œuvre, récompensée très tôt par de nombreux prix, n’est pas encore considérable par le nombre d’ouvrages. Elle l’est par la qualité de l’écriture simple et fluide, l’observation fine et précise des réactions des personnages, l’évocation pleine de pudeur et de retenue de leurs sentiments. Comme l’a expliqué l’Académie suédoise, avec une grande économie de moyens, c’est une œuvre d’une « grande force émotionnelle ».
Dès 1995, Kazuo Ishiguro a été décoré de l’Ordre de l’Empire britannique pour services rendus à la littérature. En 1998, la France l’a fait chevalier de l’ordre des Arts et Lettres. En 2017, le Nobel le consacre comme un des tout premiers écrivains de langue anglaise.
La Médiathèque lui rend hommage et vous propose de (re)découvrir ses oeuvres :
L'artiste, c'est Masugi Ono, vieux maître de l'art officiel nippon, narrateur de ce livre, et le monde flottant, c'est le quartier des plaisirs de la vie nocturne qu'il a beaucoup fréquenté au temps de sa jeunesse. Aujourd'hui, il tente de donner un sens à sa vie il dialogue avec ses contemporains, dans le Japon de l'immédiat après-guerre et interroge son passé.
Jadis, Kath, Ruth et Tommy furent élèves à Hailsham, une école idyllique qui protégeait ses élèves du monde extérieur. Devenus adultes, leur passé semble influencer grandement leur vie.
Axl et Béatrice vivent un amour à toute épreuve. Ils entreprennent un voyage pour rejoindre leur fils, parti depuis longtemps. De nombreux obstacles se dressent sur leur chemin, mettant en péril leur amour.
Roman de l'angoisse à la fois comique et dérangeant, L'inconsolé est un pied de nez à l'esthétique du roman réaliste. Il met en scène Ryder, pianiste de renom international, en proie à une cohorte d'admirateurs aussi obséquieux qu'envahissants.
Ce cycle de nouvelles explore l'amour, la musique et le temps qui passe. Les personnages décrits sont des musiciens de rue, des stars déchues et des rêveurs, chacun en quête intime, chacun dans un moment de vérité.
Dans les annees 30, Christopher Banks tente de resoudre le mystere de son passe dans la Concession Internationale de Shangai.
Majordome méticuleux, Mr Stevens parcourt la campagne anglaise en automobile. Le ton sur lequel il nous livre ses souvenirs et ses réflexions sur la dignité de sa fonction est, à l'image de son attitude vis-à-vis des événements, parfaitement retenu. Au gré des sous-entendus d'une langue délicieusement fluide et subtile, Ishiguro dresse, au-delà du portrait de toute une classe en déclin, le bilan d'une vie apparemment ratée